Bulles de Presse -Le Clou dans la Planche

"Le clown à bille de bulle"

 

 

Devinette : je suis ronde, légère et multicolore ; qui suis-je ? Réponse tous les samedis au théâtre de la Violette (et on ne souffle pas devant).

 

 

A chaque âge son spectacle. Tel pourrait être le slogan du théâtre de la Violette , qui alterne ces dernières semaines, de mercredi en samedi, un spectacle musical pour tout-petits à partir de 9 mois (Le chant du cocon) et une fantaisie muette pour grandounets de 3 à 7 ans (on pourra même descendre à 2 ans sans risque de traumatisme), les Bubbles du clown Baboulène – comme son nom l'indique, un spectacle clownesque et bullesque, espiègle et coloré.

Des boules, des balles et des bulles 

Drôle de zozo que ce clown qui débarque sur scène, aux abords d'une bibliothèque bulleuse couvertes d'objets étranges ou incongrus – ressorts de matelas et trompette en plastique, arrosoir, bassines et flacons, tubes, raquettes, trucs et même machins. Un clown, donc, bien reconnaissable à son grand sourire blanc surmonté d'un nez rouge. Le bas tiendrait plutôt d'Obélix : piriforme et ventru, rayé de vert et bleu sur le collant rouge, le tout surveillé par un couvre-chef non identifiable.


Vaguement inquiet, l'auguste, s'il faut en croire la fébrilité avec laquelle il tente de prendre le souffle du ventilateur, mesure la température, fait pleuvoir à pleine pomme d'arrosoir sur un parapluie transparent après vaporisation infructueuse. Couinements et trépignements de joie lorsque les conditions idéales sont enfin réunies, remplissage subséquent d'assiettes et bassines. "Pourquoi elle fait ça ?" demande une petite voix au premier rang (eh oui, c'est un clown-fille). "Elle va faire des bulles, tiens", répond illico une autre, tout aussi perchée.

De fait, cela bulle alors sans discontinuer. Bulles disparues, d'abord, et bulles ratées. Bulles de jazz à la trompette tricolore, mini-bulles en essaim, bulles extensibles à ressort – "oh, une glace !" commente l'une des mêmes voix. Puis encore barbe de bulles, bulle plastique d'une baudruche rouge, rondeurs artisanales de la bulle soufflée à la main, bulles de tennis nées de raquettes non homologuées, champ de bulles, bulles géantes, épée à bulles et bullali et bullala.

 

 

 

Jacques-Olivier Badia


Comme deux ronds de bulle
Que dire ? Qui a été enfant, ce qui est assez fréquent, se souvient qu'à ces âges on aime les clowns doux et les bubulles moirées issues des flacons de fête foraine remplis de liquide vaisselle. C'est donc sans grand risque d'erreur que la Cie Fariboles d'Eva Bossaer donne à voir ce clown-là, tendrement espiègle, pas trop bruyant, toujours heureux de faire voler en formation ou en solo ses plumes de savon à grand renfort de gazouillis incompréhensibles.  et les bambins s'en délectent, comme on pouvait le prévoir.
Pas tant des premières bulles, encore hasardeuses, solitaires et pour tout dire assez classiques, dont les ratages relèvent parfois d'une fausse maladresse que seul suspecte le grand. Mais qu'elles se multiplient, chatoient, prennent des formes ou une taille inattendues, se collent ou s'envolent ici et là et c'est aussitôt un concert de "ah" et de "oh", de rires et de commentaires à œil écarquillé, tandis que chaque apparition d'un nouvel engin bullifère suscite un silence expectatif et déjà rigolard. Une histoire, un fil, une dramaturgie? demandera la chafouin. Rien de tout cela ou à peine, mais seulement le simple exercice de l'émerveillement dont l'enfance est si friande. Un spectacle aérien, léger et frais, idéal pour les chauds après-midi d'été.